Page:Bakounine - Œuvres t4.djvu/86

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reproduire en entier l’article de M. Maurice Hess :

« Le vote négatif[1] du Congrès de Bâle [sur la question de l’abolition de l’héritage], malgré son vote favorable au principe de collectivité, reste une énigme pour ceux qui ignorent l’histoire secrète de ce Congrès. Il s’est passé à Bâle quelque chose |124 d’analogue à ce qui, un mois auparavant, a eu lieu au Congrès d’Eisenach[2].

« On sait que c’était l’opposition contre le com-

  1. Premier mensonge. Ce vote n’a pas été négatif du tout, puisque la nécessité de l’abolition de l’héritage a été reconnue et prononcée par une majorité relative, comprenant cinq délégués allemands [32 oui contre 23 non, avec 13 abstentions], et que la proposition du Conseil général a eu contre elle la majorité, non plus relative, mais absolue [19 oui contre 37 non, avec 6 abstentions]. (Note de Bakounine.)
  2. Si M. de Schweitzer n’avait d’autre péché à se reprocher que d’être l’antagoniste énergique du socialisme bourgeois et du radicalisme bourgeois qui ont malheureusement triomphé au Congrès d’Eisenach, moi, pour ma part, je n’aurais que des félicitations à lui adresser. Mais les adversaires de M. de Schweitzer prétendent, non sans une apparence de raison, que M. de Schweitzer est un allié secret de la politique monarchique et prussienne du comte de Bismarck. Si cela était vrai, ce serait de la part de M. de Schweitzer une trahison infâme envers le socialisme et la sainte cause des masses ouvrières qui ont confiance en lui. Les chefs du Parti de la démocratie socialiste allemande ne commettent point cette trahison, qui, si elle est réelle vraiment, ne peut être qu’une trahison lucrative ; mais ils commettent une autre trahison de cette même cause, — non pas lucrative, sans doute, mais non moins funeste à l’émancipation des ouvriers qui les suivent, — en s’alliant, |125 et en rattachant le mouvement socialiste et révolutionnaire des ouvriers de leur parti, à la politique des bourgeois radicaux de l’Allemagne. C’est tomber de Scylla en Charybde, et c’est une conséquence naturelle de ce culte de l’État qu’ils ont en commun avec M. de Schweitzer. Le culte de l’État est en général le trait principal du socialisme allemand. Lassalle, le plus grand agitateur socialiste et le vrai fondateur du socialisme pratique en Allemagne, en était pénétré. Il ne voyait de salut pour les travailleurs que dans la puissance de l’État, dont les ouvriers devaient s’emparer, selon lui, au moyen du suffrage universel. Lui aussi avait été accusé, par les mêmes adversaires, — à tort ou à raison, je ne le sais, — d’avoir entretenu des rapports secrets avec Bismarck. Il est impossible de se fier à la parole et aux écrits des publicistes allemands, car la première chose qu’ils font, en attaquant un adversaire quelconque, c’est de lui jeter de la boue, et ils paraissent en avoir une provision inépuisable. (Note de Bakounine.)