Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/162

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que toutes les classes soient abolies. Il faut la disparition de la propriété individuelle et du droit d’héritage, il faut le triomphe économique, politique et social de l’égalité.

Mais une fois l’égalité triomphante et bien établie, n’y aura-t-il plus aucune différence entre les capacités et les degrés d’énergie des différents individus ? Il y en aura, pas autant qu’il en existe aujourd’hui peut-être, mais il y en aura toujours sans doute. C’est une vérité passée en proverbe, et qui, probablement, ne cessera jamais d’être une vérité, qu’il n’y a point sur le même arbre deux feuilles qui soient identiques. À plus forte raison sera-ce toujours vrai par rapport aux hommes, les hommes étant des êtres beaucoup plus complexes que les feuilles. Mais cette diversité, loin d’être un mal, est au contraire, comme l’a fort bien observé le philosophe allemand Feuerbach, une richesse de l’humanité. Grâce à elle, l’humanité est un tout collectif dans lequel chacun complète tous et a besoin de tous ; de sorte que cette diversité infinie des individus humains est la cause même, la base principale de leur solidarité, un argument tout-puissant en faveur de l’égalité.

Au fond, même dans la société actuelle, si l’on excepte deux catégories d’hommes, les hommes de génie et les idiots, et si l’on fait abstraction des différences créées artificiellement par l’influence de mille causes sociales, telles qu’éducation, instruction, position économique et politique, qui diffèrent