Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/176

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vent donc renoncer aussi bien à la liberté qu’à la science ; et, en se laissant exploiter, bâtonner par les privilégiés du bon Dieu, répéter avec Tertullien : Je crois parce que c’est absurde, en y ajoutant cet autre mot, aussi logique que le premier : Et je veux l’iniquité.

Quant à nous, qui renonçons volontairement aux félicités d’un autre monde, et qui revendiquons le triomphe complet de l’humanité sur cette terre, nous avouons humblement que nous ne comprenons rien à la logique divine, et que nous nous contenterons de la logique humaine fondée sur l’expérience et sur la connaissance de l’enchaînement des faits, tant naturels que sociaux.

Cette expérience accumulée, coordonnée et réfléchie, que nous appelons la science, nous démontre que le libre arbitre est une fiction impossible, contraire à la nature même des choses ; que ce qu’on appelle volonté n’est rien que le produit de l’exercice d’une faculté nerveuse, comme notre force physique n’est rien aussi que le produit de l’exercice de nos muscles, et que par conséquent l’une et l’autre sont également des produits de la vie naturelle et sociale, c’est-à-dire des conditions physiques et sociales au milieu desquelles chaque individu est né, et dans lesquelles il continue de se développer ; et nous répétons que tout homme, à chaque moment de sa vie, est le produit de l’action combinée de la nature et de la société, d’où résulte clairement la vérité de ce que nous avons énoncé dans notre pré-