Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/177

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cédent article : que pour moraliser les hommes, il faut moraliser le milieu social.

Pour le moraliser, il n’est qu’un seul moyen : c’est d’y faire triompher la justice, c’est-à-dire la plus complète liberté[1] de chacun, dans la plus parfaite égalité de tous. L’inégalité des conditions et des droits, et l’absence de liberté pour chacun, qui en est le résultat nécessaire, voilà la grande iniquité collective, qui donne naissance à toutes les iniquités individuelles. Supprimez-la, et toutes les autres disparaîtront.

Nous craignons bien, vu le peu d’empressement que les hommes du privilège montrent à se laisser moraliser, ou, ce qui veut dire la même chose, à se laisser égaliser, que le triomphe de la justice ne puisse s’effectuer que par la révolution sociale. Nous n’avons pas à en parler aujourd’hui, nous nous bornerons cette fois à proclamer cette vérité, d’ailleurs si évidente, que tant que le milieu social ne se moralisera pas, la moralité des individus sera impossible.

Pour que les hommes soient moraux, c’est-à-dire des hommes complets dans le plein sens de ce mot, il faut trois choses : une naissance hygiénique, une instruction rationnelle et intégrale, accompagnée

  1. Nous avons déjà dit que nous entendons par liberté, d’un côté, le développement aussi complet que possible de toutes les facultés naturelles de chaque individu, et de l’autre son indépendance, non vis-à-vis des lois naturelles et sociales, mais vis-à-vis de toutes les lois imposées par d’autres volontés humaines, soit collectives, soit isolées. (Note de Bakounine.)