Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/212

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capital ? Mais comment empêcher l’un et l’autre de dominer et d’exploiter le travail, tant que, séparés du travail, ils se trouveront monopolisés entre les mains d’une classe qui, par le fait de leur jouissance exclusive, dispensée de la nécessité de travailler pour vivre, continuera d’exister et d’écraser le travail, en prélevant sur lui la rente de la terre et l’intérêt du capital, et qui, forte de cette position, s’empare encore, comme elle le fait partout aujourd’hui, de tous les bénéfices des entreprises industrielles et commerciales, ne laissant aux travailleurs, écrasés par la concurrence qu’ils sont forcés de se faire entre eux, que ce qui est strictement nécessaire pour les préserver de la faim.

Aucune loi politique et juridique, quelque sévère qu’elle soit, ne pourra empêcher cette domination et cette exploitation, aucune loi ne saurait prévaloir contre la force des choses, aucune ne saurait empêcher qu’une position donnée ne produise tous ses résultats naturels : d’où il résulte clairement que tant que la propriété et le capital resteront d’un côté et le travail de l’autre, les uns constituant la classe bourgeoise, et l’autre le prolétariat, l’ouvrier sera l’esclave, et le bourgeois le maître.

Mais qu’est-ce qui sépare la propriété et le capital du travail ? Qu’est-ce qui constitue économiquement et politiquement la différence des classes ? Qu’est-ce qui détruit l’égalité et perpétue l’inégalité, le privilège du petit nombre et l’esclavage du grand nombre ? C’est le droit d’héritage.