Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/267

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matie russe. Ce n’est pas impossible. Je devrais être d’autant plus porté à le croire que je sais pertinemment |11 qu’en 1847, après un discours que j’avais prononcé à Paris contre l’empereur Nicolas dans une assemblée polonaise, et pour lequel M. Guizot m’avait expulsé de France, à la demande du ministre représentant de la Russie, M. Kisseleff, ce dernier avait tâché de répandre dans l’émigration polonaise l’opinion que je n’étais rien qu’un agent du gouvernement russe. Ce gouvernement ne recule naturellement devant aucun moyen. Mais je ne pense pas, pourtant, que ni M. Borkheim, un Juif allemand ami de M. Maurice Hess et qui encore plus que lui s’est fait de la calomnie contre moi un métier, ni M. Maurice Hess, aient jamais eu à démêler quoi que ce soit avec la diplomatie russe. Ils s’inspirent de leur malignité et de leur sottise, voilà tout.

Ce M. Borkheim est un homme singulier, une sorte de maniaque qui déteste tant la Russie et les Russes qu’il a appris le russe. Il l’a appris tant bien que mal, mais assez pour passer pour un savant philologue russe aux yeux de ses compatriotes. Je le connais encore moins que je ne connais M. Maurice Hess, l’ayant rencontré une seule fois, en 1867, au Congrès de la paix à Genève, où on l’a malheureusement empêché de prononcer un discours virulent contre la Russie. Il a imprimé d’ailleurs ce discours sous le titre singulier de Ma Perle devant le Congrès de Genève[1] ; il n’y propose rien de moins que

  1. Sur ce discours, dont Karl Marx avait été l’inspirateur, voir L’Internationale, Documents et Souvenirs, par James GUILLAUME, tome Ier, p. 51.