Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/282

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l’opinion bourgeoise, autant j’attache de prix à la sienne.

Il me suffit donc d’apprendre que de pareilles gens me calomniaient lâchement, sournoisement, dans la société ouvrière, pour que je cherchasse l’occasion de les démasquer. L’occasion ne tarda pas à se présenter.

J’avais appris, un mois à peu près avant le Congrès de Bâle et à la veille de celui d’Eisenach, qu’un des chefs du nouveau Parti de la démocratie socialiste dans le Nord de l’Allemagne — Je m’abstiens de le nommer[1] — avait osé dire, dans une réunion demi-publique d’amis : « que j’étais évidemment un agent excessivement dangereux du gouvernement russe, que je ne m’étais enfui de Sibérie qu’avec l’aide de ce gouvernement, et qu’il en avait toutes les preuves dans la main ; que par la fondation de l’Alliance de la démocratie socialiste j’avais voulu détruire l’Association internationale des travailleurs, et que, rusé et diplomate comme le sont tous les Russes, j’avais même réussi à tromper et à entraîner le vieux socialiste allemand J.‑Phil. Becker ».

Ce dernier partant précisément pour le Congrès d’Eisenach, je le chargeai d’une lettre ouverte pour mon calomniateur, en le priant de la lui lire en présence de plusieurs amis, et au besoin en présence de tout le Congrès. Dans cette lettre, je donnais à mon accusateur nouveau un mois de temps pour

  1. C’est W. Liebknecht.