Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/326

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fut elle qui organisa cette force et qui la dirigea contre l’Église, contre la royauté et contre la noblesse. Ce fut elle qui pensa, et qui prit l’initiative de tous les mouvements que le peuple exécuta. La bourgeoisie avait foi en elle-même, elle se sentait puissante parce qu’elle savait que derrière elle, avec elle, il y avait le peuple.

Si l’on compare les géants de la pensée et de l’action qui étaient sortis de la classe bourgeoise au dix-huitième siècle, avec les plus grandes célébrités, avec les nains vaniteux célèbres qui la représentent de nos jours, on pourra se convaincre de la décadence, de la chute effroyable qui s’est produite dans cette classe. Au dix-huitième siècle elle était intelligente, audacieuse, héroïque. Aujourd’hui elle se montre lâche et stupide. Alors, pleine de foi, elle osait tout, et elle pouvait tout. Aujourd’hui, rongée par le doute, et démoralisée par sa propre iniquité, qui est encore plus dans sa situation que dans sa volonté, elle nous offre le tableau de la plus honteuse impuissance.

Les événements récents en France ne le prouvent que trop bien. La bourgeoisie se montre tout à fait incapable de sauver la France. Elle a préféré l’invasion des Prussiens à la révolution populaire qui seule pouvait opérer ce salut. Elle a laissé tomber de ses mains débiles le drapeau des progrès humains, celui de l’émancipation universelle. Et le prolétariat de Paris nous prouve aujourd’hui que les travailleurs sont désormais seuls capables de le porter.