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Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/330

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esclave. Un homme condamné à rester toute la vie un être brutal, faute d’éducation humaine, un homme privé d’instruction, un ignorant, est nécessairement un esclave ; et s’il exerce des droits politiques, vous pouvez être sûrs que, d’une manière ou d’une autre, il les exercera toujours contre lui-même, au profit de ses exploiteurs, de ses maîtres.

La condition négative de la liberté est celle-ci : aucun homme ne doit obéissance à un autre ; il n’est libre qu’à la condition que tous ses actes soient déterminés, non par la volonté d’autres hommes, mais par sa volonté et par ses convictions propres. |4 Mais un homme que la faim oblige à vendre son travail, et avec son travail, sa personne, au plus bas prix possible au capitaliste qui daigne l’exploiter ; un homme que sa propre brutalité et son ignorance livrent à la merci de ses savants exploiteurs, sera nécessairement et toujours esclave.

Ce n’est pas tout. La liberté des individus n’est point un fait individuel, c’est un fait, un produit collectif. aucun homme ne saurait être libre en dehors et sans le concours de toute l’humaine société. Les individualistes, ou les faux-frères socialistes que nous avons combattus dans tous les congrès de travailleurs, ont prétendu, avec les moralistes et les économistes bourgeois, que l’homme pouvait être libre, qu’il pouvait être homme, en dehors de la société, disant que la société avait été fondée par un contrat libre d’hommes antérieurement libres.

Cette théorie, proclamée par J.-J. Rousseau,