Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/44

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oublier quelles tristes conséquences l’esprit de conciliation a eues pour la classe ouvrière, pour cette classe qui, ayant toujours souffert, s’est toujours révoltée, et a toujours été trompée par trop de confiance, par trop de bonté, pour cette classe qui a si généreusement versé son sang pour le plus grand profit de ceux à qui elle avait fait des concessions, pour la bourgeoisie, qui maintenant l’opprime et l’affame.

Ces leçons ont profité, les ouvriers ne se laisseront plus entraîner par leur cœur, ils ne concéderont plus rien.

Toute concession aurait pour effet de reculer l’émancipation complète du travail et ne pourrait produire qu’un affranchissement partiel du prolétariat, c’est-à-dire la création d’une nouvelle classe qui, à son tour, deviendrait oppressive.

Cette perspective, examinée par le Congrès de Lausanne[1] a été repoussée : Tous ensemble ou personne, tel a été l’esprit du Congrès sur cette

  1. Une des questions formant l’ordre du jour du deuxième Congrès général de l’Internationale, tenu à Lausanne du 2 au 8 septembre 1867, disait : « Les efforts tentés aujourd’hui par les associations pour l’émancipation du quatrième état (classe ouvrière) ne peuvent-ils pas avoir pour résultat la création d’un cinquième état dont la situation serait beaucoup plus misérable encore ? » Le Congrès répondit affirmativement à cette question, et déclara que « pour obvier à ce danger il était nécessaire que le prolétariat se convainquît bien de cette idée : que la transformation sociale ne pourra s’opérer d’une manière radicale et définitive que par des moyens agissant sur l’ensemble de la société et conformes à la réciprocité et à la justice ».