Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/54

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dans laquelle tous les hommes naîtront, se développeront, s’instruiront, travailleront et jouiront des biens de la vie dans des conditions égales pour tous. Tel est le vœu de la justice, tel est aussi le but final de l’Association internationale des travailleurs.

Mais comment arriver, de l’abîme d’ignorance, de misère et d’esclavage dans lequel les prolétaires des campagnes et des villes sont plongés, à ce paradis, à cette réalisation de la justice et de l’humanité sur la terre ? — Pour cela, les travailleurs n’ont qu’un moyen : l’association. Par l’association ils s’instruisent, ils s’éclairent mutuellement, et mettent fin, par leurs propres efforts, à cette fatale ignorance qui est une des causes principales de leur esclavage. Par l’association, ils apprennent à s’aider, à se connaître, à s’appuyer l’un sur l’autre, et ils finiront par créer une puissance plus formidable que celle de tous les capitaux bourgeois et de tous les pouvoirs politiques réunis.

L’association est donc devenue le mot d’ordre des travailleurs de toutes les industries et de tous les pays, dans ces derniers vingt ans surtout, et toute l’Europe s’est trouvée hérissée, comme par enchantement, d’une foule de sociétés ouvrières de toute sorte. C’est incontestablement le fait le plus important et en même temps le plus consolant de notre époque, — le signe infaillible de l’émancipation prochaine et complète du travail et des travailleurs en Europe.

Mais l’expérience de ces mêmes vingt années a