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Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/55

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prouvé que les associations isolées étaient à peu près aussi impuissantes que les travailleurs isolés, et que même la fédération de toutes les associations ouvrières d’un seul pays ne suffirait pas pour créer une puissance capable de lutter contre la coalition internationale de tous les capitaux exploiteurs du travail en Europe ; la science économique a démontré, d’un autre côté, que la question de l’émancipation du travail n’est point une question nationale ; qu’aucun pays, si riche, si puissant et si vaste fût-il, ne peut, sans se ruiner et sans condamner tous ses habitants à la misère, entreprendre aucune transformation radicale des rapports du capital et du travail, si cette transformation ne se fait également, et en même temps, au moins dans une grande partie des pays les plus industrieux de l’Europe, et que par conséquent la question de la délivrance des travailleurs du joug du capital et de ses représentants, les bourgeois, est une question éminemment internationale. D’où il résulte que la solution n’est possible que sur le terrain de l’internationalité.

Des ouvriers intelligents, allemands, anglais, belges, français et suisses, fondateurs de notre belle institution, l’ont compris. Ils ont compris aussi que, pour réaliser cette magnifique œuvre de l’émancipation internationale du travail, les travailleurs de l’Europe, exploités par les bourgeois et écrasés par les États, ne devaient compter que sur eux-mêmes. C’est ainsi que fut créée la grande Association internationale des travailleurs.