Page:Bakounine - Œuvres t5.djvu/80

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donné la main pour y fomenter, par tous les moyens, les passions les plus fanatiques, aussi bien religieuses que nationales. C’est par le soulèvement de ces passions stupides et aveugles qu’ils espèrent achever le moribond.

À cette coalition réactionnaire, le libéralisme bourgeois s’efforce d’opposer la barrière non moins réactionnaire, au point de vue de la démocratie socialiste, mais surtout trop insuffisante et trop faible, de la centralisation artificielle de l’État. Épouvantés par l’imminence d’une catastrophe qui menace d’engloutir toutes les positions privilégiées et toutes les fortunes, les bourgeois du Reichsrath ont fait un effort surhumain pour masquer un déficit énorme, et ils ont donné de plus à l’empereur une armée de 800.000 hommes. C’est là le suprême effort de l’empire. Une fois ces derniers moyens épuisés, il ne lui restera plus rien pour vivre. Mais l’histoire nous apprend qu’une fois arrivé à ce point aucun État ne saurait vivre longtemps.

L’Empire autrichien est donc condamné à mourir. Qui va recueillir son héritage ? Sera-ce la réaction du dehors alliée à la réaction du dedans ? Ce serait un bien grand malheur. Mais ce malheur n’arrivera pas. L’héritier qui attend un légitime héritage et qui seul est assez puissant pour le recueillir, ce n’est ni la Russie impériale, ni la Prusse royale, ce ne sont pas non plus les oligarques et les ultramontains de l’Autriche, c’est le Parti de la démocratie socialiste, parti qui, bien que né en Autriche, n’est pas