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Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/102

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bas, en imposant à la diversité sociale produite par la diversité du travail dans les masses, ou en imposant à la vie naturelle des masses, une unité ou un ordre factices, comme le font les États ; mais de bas en haut, au contraire, en prenant pour |134 point de départ l’existence sociale des masses, leurs aspirations réelles, et en les provoquant à se grouper, à s’harmoniser et à s’équilibrer conformément à cette diversité naturelle d’occupations et de situations, et en les y aidant. Tel est le but propre de l’organisation des sections de métier.

Nous avons dit que pour organiser les masses, pour établir d’une manière solide l’action bienfaisance de l’Association Internationale des Travailleurs sur elles, il suffirait à la rigueur qu’un seul ouvrier sur dix du même métier fît partie de la Section respective. Cela se conçoit aisément. Dans les moments de grandes crises politiques ou économiques, où l’instinct des masses, chauffé jusqu’au rouge, s’ouvre à toutes les inspirations heureuses, où ces troupeaux d’hommes esclaves, ployés, écrasés, mais jamais résignés, se révoltent enfin contre leur joug, mais se sentent désorientés et impuissants parce qu’ils sont complètement désorganisés, dix, vingt ou trente hommes bien entendus et bien organisés entre eux, et qui savent où ils vont et ce qu’ils veulent, en entraîneront facilement cent, deux cents, trois cents ou même davantage. Nous l’avons vu récemment dans la Commune de Paris. L’organisation sérieuse, à peine commencée pendant le siège,