Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/110

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Et alors même que des écoles vraiment dignes de ce nom s’ouvriraient pour le peuple, il ne pourrait pas y faire étudier ses enfants pendant tout le temps qui est réclamé pour un enseignement scientifique sérieux. Où prendrait-il assez de moyens pour les y entretenir pendant dix, huit, ou seulement six ans ? Dans les pays les plus démocratiques, c’est à peine si la grande majorité des enfants du peuple fréquentant l’école pendant deux ans ou tout au plus pendant trois ans ; après quoi, ils doivent gagner leur vie, et l’on sait ce que signifient ces paroles : gagner leur |141 vie, pour les enfants du peuple ! Une fois entré dans les conditions du travail salarié, le prolétaire doit forcément renoncer à la science. Et pourtant dans les grands centres de population, en Angleterre, en France, en Belgique, en Allemagne, des amis éclairés et sincères de la classe ouvrière ont ouvert des écoles du soir pour le peuple, où une foule de travailleurs, oubliant leur fatigue du jour, accourent avec empressement pour recevoir les premières notions des sciences positives. Cet enseignement est précieux, non par la quantité de connaissances qu’il peut leur donner, mais par la vraie méthode scientifique à laquelle il initie peu à peu ces esprits vierges, honteux de leur ignorance et avides de savoir. La méthode scientifique ou positive, qui n’admet jamais aucune synthèse qui ne soit préalablement constatée par l’expérience et par l’analyse scrupuleuse des faits, une fois que l’ouvrier intelligent se l’est appropriée, devient