Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/109

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aveugles et la minorité des machinistes savants, elle aura fait pénétrer dans la conscience réfléchie de chacun de ses membres la science, la philosophie et la politique du socialisme[1].

La science sociale n’est qu’une tranche de la science unique, de la science totale, comme la société humaine elle-même n’est que le dernier développement connu de cet ensemble indéfini de choses réelles que nous appelons la nature. La science sociale, qui a pour objet |140 les lois générales du développement historique des sociétés humaines, — développement aussi fatal que celui de toutes les autres choses dans la nature, — est donc le vrai couronnement de la science naturelle. Par conséquent, elle suppose la connaissance préalable de toutes les autres sciences positives, ce qui paraît d’abord devoir la rendre absolument inaccessible à l’intelligence non cultivée du prolétariat.

Ou bien faudra-t-il attendre le jour où les gouvernements, se prenant tout d’un coup de passion pour les masses exploitées, établiront des écoles scientifiques sérieuses pour les enfants du peuple, des écoles dans lesquelles, au lieu de la superstition si favorable aux intérêts des classes privilégiées et à la domination de l’État, régnera la raison, émancipatrice des peuples, et dans lesquelles le catéchisme quotidien sera remplacé par les sciences naturelles ? Ce serait se condamner à une attente trop longue.

  1. Là se termine la partie du manuscrit qui a été insérée dans l’Almanach du Peuple pour 1872.