Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/122

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reine des nations, avec Rome, capitale du monde ; c’est la passion politique de la grandeur et de la gloire de l’État, fondées nécessairement sur la misère des peuples. C’est enfin cette religion de tous les esprits dogmatiques et absolus, la passion de l’uniformité qu’ils appellent l’unité et qui est le tombeau de la liberté.

Mazzini est le dernier grand-prêtre de l’idéalisme religieux, métaphysique et politique, qui s’en va.

Mazzini nous reproche de ne pas croire en Dieu. Nous lui reprochons par contre d’y croire, ou plutôt, nous ne le lui reprochons même pas, nous déplorons seulement qu’il y croie. Nous regrettons infiniment que par cette intrusion des sentiments et des idées mystiques dans sa conscience, dans son activité, dans sa vie, il ait été forcé de se ranger contre nous avec tous les ennemis de l’émancipation des masses populaires.

Car enfin, on ne peut plus s’y tromper. Sous la bannière de Dieu qui se trouve maintenant ? Depuis Napoléon III jusqu’à Bismarck ; depuis l’impératrice Eugénie jusqu’à la reine Isabelle, et entre elles le pape avec sa rose mystique que galamment il présente, tour à tour, à l’une et à l’autre. Ce sont tous les empereurs, tous les rois, tout le monde officiel, officieux, nobiliaire et autrement privilégié de l’Europe, soigneusement nomenclature dans l’almanach de Gotha ; ce sont toutes les grosses sangsues de l’industrie, du commerce, de la banque ; les professeurs patentés et tous les fonctionnaires des États :