Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/123

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la haute et la basse police, les gendarmes, les geôliers, les bourreaux, sans oublier les prêtres constituant aujourd’hui la police noire des âmes au profit des États ; ce sont les généraux, ces humains défenseurs de l’ordre public, et les rédacteurs de la presse vendue, représentants si purs de toutes les vertus officielles. Voilà l’armée de Dieu.

Voilà la bannière sous laquelle se range aujourd’hui Mazzini, bien malgré lui sans doute, entraîné par la logique de ses convictions idéales qui le forcent, sinon à bénir tout ce qu’ils bénissent, au moins à maudire ce qu’ils maudissent.

Et dans le camp opposé, qu’y a-t-il ? C’est la révolution, ce sont les négateurs audacieux de Dieu, de l’ordre divin et du principe d’autorité, mais par contre et pour cela même les croyants en l’humanité, les affirmateurs d’un ordre humain et de l’humaine liberté.

Mazzini, dans sa jeunesse, partagé entre deux courants opposés, était à la fois prêtre et révolutionnaire. Mais, à la longue, les inspirations du prêtre, comme on devait s’y attendre, finirent par étouffer en lui les instincts du révolutionnaire ; et aujourd’hui tout ce qu’il pense, tout ce qu’il dit, tout ce qu’il fait, respire la réaction la plus pure. À la suite de quoi, grande joie dans le camp de nos ennemis et deuil dans le nôtre.

Mais nous avons autre chose à faire qu’à nous lamenter ; tout notre temps appartient au combat. Mazzini vient de nous jeter son gant, il est de notre