Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/144

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n’est personne au monde qui ne sache désormais que, pour les théories de l’Internationale, le tsarisme russe et la démocratie américaine se valent ; que la Pologne morcelée est l’égale de la France constituée en un bloc unitaire, que le catholique de Rome est l’égal du musulman de Constantinople, le blond fils d’Arminius l’égal de l’Arabe du désert. Qu’importent les différences de climats, de constitutions politiques, de tendances, quand la lutte n’est pas engagée contre les degrés de latitude, mais contre la misère ; quand la lutte n’est pas engagée contre la couleur de la peau et la plus ou moins grande excitabilité des nerfs, mais contre l’ignorance ; quand la lutte n’est pas engagée contre les rois, mais contre le privilège ! Pourquoi les hommes du Conseil général resteraient-ils inertes ou seraient-ils des tyrans, si toutes les sections de l’Association, autonomes dans leurs pays, se réunissent seulement sur le terrain international, entraînées par l’admirable identité des aspirations et des intérêts ? — L’Internationale est condamnée à mourir ? Et c’est là la destinée qu’on entrevoit pour elle, tandis qu’un effort sans précédent met dans ses bras puissants tous les ouvriers du monde ? L’idée qui a eu des martyrs comme Babeuf, des philosophes comme Proudhon, des apôtres comme Marx et Lassalle, maintenant qu’elle a soufflé une âme dans les masses immenses des déshérités et qu’elle s’est annoncée au monde avec l’immense audace de la révolution de Paris, est-il possible qu’elle soit proche des râles de l’ago-