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Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/174

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Justement inquiété par cette nouvelle, l’ami James, qui vous a envoyé en même temps l’acte du Conseil général qui reconnaît la légitimité de notre Section, vous a donné le conseil de profiter de cette nouvelle déclaration du Conseil général pour faire ce qu’il appelle un coup de maître, et qui ne serait à mes yeux qu’un acte de défaillance malhabile. Il vous conseille de déclarer volontairement votre dissolution, et de demander comme conséquence de ce suicide généreux votre rentrée dans la Section centrale.

Il s’imagine sans doute que ce qui vous sépare de vos ennemis de Genève n’est qu’une question d’organisation, tandis que tous les principes et toutes les organisations ne sont pour eux rien que des prétextes qui leur servent à masquer leurs haines féroces, leurs ambitions, leurs intérêts et leurs vanités personnelles. Votre acte de dissolution notifié par vous au Comité fédéral de Genève serait accepté par eux sans doute avec joie comme un aveu public de votre faute supposée et comme un désaveu de notre principe[1], et votre demande de ren-

  1. Ma thèse était, au contraire, que la dissolution volontaire de la Section de l’Alliance, bien loin de constituer un « aveu » ou un « désaveu », pouvait être prononcée sans que personne y vît une défaite ou une reculade, puisque le Conseil général avait été contraint de reconnaître publiquement la régularité de la situation de cette Section. Le désaveu était pour Marx, Engels et leurs agents, qui avaient osé prétendre, en mars 1871, que jamais la Section de l’Alliance n’avait été admise par le Conseil général ; et une fois ce désaveu-là bien acquis et dûment enregistré, la Section de l’Alliance n’avait plus rien à faire qu’à disparaître, son rôle à Genève étant fini depuis longtemps. Mon opinion sur l’inutilité de cette Section de l’Alliance était bien connue de Bakounine, de Perron et de Joukovsky. Dans une lettre à ce dernier, du 4 juin 1870, j’avais écrit : « Que font donc Joukovsky, Perron, Brosset ? nous demande-t-on de toutes parts. Pas un signe de vie ; plus un mot de l’Alliance (Tant mieux !). » Ce Tant mieux — cri du cœur qui m’était échappé — fut certainement répété par la plupart des Jurassiens, lorsqu’ils apprirent, en août 1871, que la Section de l’Alliance, satisfaite d’avoir vu Marx « pris en flagrant délit de mensonge, et son acte authentiquement constaté » (Robin), se retirait du champ de bataille, et que désor- mais on n’entendrait plus parler d’elle.