Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/22

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

composé surtout de prolétaires étrangers, ne recevant qu’un salaire minime, indifférents aux petites préoccupations de politique locale, et acceptant d’instinct le socialisme révolutionnaire.

« Une habitude fâcheuse des ouvriers de Genève, et qui ouvrait trop la porte à l’esprit d’intrigue et à l’esprit de domination, était celle de concentrer presque entièrement l’activité des divers corps de métier dans les séances de leurs comités. Les assemblées de sections étaient rares, et les comités formaient autant de gouvernements au petit pied, qui agissaient et parlaient au nom de leurs sections sans les consulter. L’habitude de l’autorité produisant toujours une influence corruptrice sur ceux qui l’exercent, les comités des ouvriers en bâtiment avaient des tendances presque aussi réactionnaires que ceux de la Fabrique, et faisaient généralement cause commune avec eux.

« L’influence des comités était contrebalancée par l’assemblée générale de toutes les sections de Genève, qui se convoquait dans les circonstances graves. Là, les petites manœuvres des meneurs étaient noyées dans le flot populaire, et toujours les assemblées générales se prononcèrent dans le sens révolutionnaire, et résistèrent à la pression que les intrigants des comités cherchaient à exercer dans le sens de la réaction.

« Telle était donc la situation qui se présentait à Genève aux propagateurs des principes collectivistes. D’une part les comités, — comités de section, et Comité cantonal ou central (on appelait ainsi le Conseil de la fédération locale genevoise) composé de deux délégués de chaque section, — aux tendances bourgeoises et réactionnaires, aimant les manœuvres occultes, et déli-