Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/229

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groupe en partie avoué, mais en plus grande partie anonyme (M. Henri Perret et beaucoup d’autres chefs de la Fabrique en étaient), qui déversa ses calomnies contre Perron. Je gagnai mes premiers ennemis dans l’Internationale en |58 prenant hautement la défense de Perron, avec lequel j’étais alors lié d’amitié.

En dehors de toutes ces questions personnelles, le nom seul du journal l’Égalité nous valut de grandes batailles.[1] Qu’on se rappelle que ce fut au lendemain du Congrès de Bruxelles, qui pour la première fois avait posé carrément la question socialiste et révolutionnaire. La proclamation de la propriété collective, la condamnation du socialisme bourgeois, et la rupture évidente avec le radicalisme bourgeois, manifestée par le refus des avances faites par la Ligue de la Paix et de la Liberté, tout cela avait fortement indisposé, inquiété les meneurs de la Fabrique genevoise. Ils craignirent de voir l’Internationale de Genève prendre une direction par trop socialiste, par trop révolutionnaire, de la voir s’embarquer sur le grand océan où ils se sentaient incapables de la suivre. Attachés bourgeoisement, patriotiquement, aux bords fleuris du Léman, ils voulaient une Internationale non mondiale, mais agréablement genevoise, un socialisme anodin et philanthropique,

  1. À partir d’ici, le contenu des feuillets 58-78 du manuscrit a été utilisé dans le Mémoire de la Fédération jurassienne, pages 68-77, mais avec beaucoup de suppressions et d’atténuations.