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|69 LUTTE ÉLECTORALE

Ce fut une bataille mémorable et qui devrait être décrite par un historien plus éloquent que moi. Je me contenterai d’en raconter les phases principales.

Parmi les cinq questions que le Conseil général avait mises dans le programme du Congrès qui devait se réunir en septembre 1869 à Bâle, il y en avait deux surtout qui entraient dans le fond même de la question sociale : celle de l’abolition de l’héritage et celle de l’organisation de la propriété collective, deux questions qui de tout temps eurent le don de mettre en fort mauvaise humeur les coryphées, les meneurs de la Fabrique de Genève. Ils s’étaient déjà montrés excessivement mécontents qu’on eût discuté la dernière de ces deux questions au Congrès de Bruxelles : « Ce sont des utopies, disaient-ils ; nous devons nous occuper de questions pratiques ».

Ils s’étaient donc bien promis, cette fois, d’éliminer ces deux questions du programme du Congrès de Bâle. C’était pour eux non seulement une nécessité de cœur et d’esprit, mais une nécessité de position politique. Ils s’étaient définitivement entendus et alliés avec la bourgeoisie radicale de Genève. On travaillait activement toutes les sections proprement genevoises, c’est-à-dire les ouvriers-citoyens de la fabrique, pour les grouper autour du drapeau radical dans les prochaines élections, qui devaient avoir