Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/269

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Brosset, Robin, Perron y furent invités et fêtés. Outine, encore innocent et aimable, indécis sur le parti qu’il devait embrasser, pour s’en faire un petit piédestal, commençait à percer. Grosselin but à la santé du comité de rédaction de l’Égalité déclarant que ce journal était devenu maintenant le digne organe de l’Internationale. Le baiser Lamourette était donné. Outine attendri prononça je ne sais quel discours. Perron et Robin l’avaient accepté entiers, comme une sorte d’aide précieux, tant dans le journal que dans les assemblées générales. Nouveau Messie monté sur leurs épaules, il faisait son entrée triomphante dans la nouvelle Jérusalem de Genève.

Et pourtant, à la veille et le jour même de mon départ, j’avais supplié Perron et Robin de se bien garder de ce petit Juif intrigant. Moi qui le connaissais, je savais ce qu’il voulait. Perron me répondit que « j’étais toujours comme cela, m’occupant toujours des personnes au lieu des principes ». Je haussai les épaules et me tus. Je ne fus pas le seul à les prévenir contre Outine. Jouk m’a dit que lui aussi il avait, à beaucoup de reprises différentes, conseillé |94 à Perron de ne point se fier à ce monsieur, mais que Perron l’avait rebuté comme il m’avait rebuté. Je voudrais savoir ce que Perron en pense maintenant : qui de nous avait raison, lui ou nous ?

Les assemblées générales, sur lesquelles Perron et Robin avaient compté surtout, trompèrent leur attente. Elles réunissaient rarement plus de cin-