Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/270

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quante personnes, dont la moitié au moins ne venait que par hasard, non pour l’assemblée, mais par habitude, pour la chopine, pour le Cercle. Quant à la trentaine d’auditeurs attentifs, c’étaient toujours les mêmes. On débattait toute sorte de questions plus ou moins historiques ou lointaines, excepté celles qui touchaient réellement à la situation et à l’organisation de l’Internationale de Genève : celles-là étaient des questions brûlantes, délicates, réservées au huis-clos gouvernemental des comités et de l’oligarchie genevoise. Le reste intéressait fort peu l’auditoire, de sorte que le nombre des auditeurs diminuait d’une manière sensible. Du reste, ces assemblées avaient leur utilité : Outine, protégé par Perron et Robin, s’y formait à l’art oratoire, et préparait sa petite place dans l’Internationale.

Les médailles et les feuilles volantes eussent été un moyen très utile à côté d’autres moyens plus efficaces, plus sérieux. Mais seules, elles restèrent ce qu’elles étaient, une occupation innocente.

Restait le journal. Les premiers numéros furent |95 assez innocents. C’était commandé par la prudence. Il fallait changer de front sans que cela parût. Mais à moins de s’anéantir et de trahir sa mission, le journal ne pouvait persister longtemps dans cet état d’innocence. Et voilà que ces choses terribles : la propriété collective, l’abolition de l’État et du droit juridique, l’irréligion, l’athéisme, l’abîme social séparant la bourgeoisie du proléta-