Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/284

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disant que l’internationalité était une trahison envers la patrie. Par cette raison il ne voulait pas aller au Congrès de Berne. Il y alla pourtant, et il y joua le rôle le plus ridicule.

Lorsque mes amis et moi, décidés à sortir de la Ligue de la Paix et de la Liberté, nous nous réunîmes pour tenir conseil sur la ligne que nous devions suivre, Outine, sans être invité, se présenta parmi nous. Je le priai de se retirer en lui disant que nous voulions |105 rester seuls. Vous pouvez vous imaginer sa fureur. Ce soir même nous fondâmes l’Alliance, et vous concevez qu’il devait devenir l’ennemi acharné de l’Alliance.

Après le Congrès de Berne, je me transportai à Genève, et depuis octobre 1868 jusqu’en septembre 1869 je ne le rencontrai fortuitement que trois ou quatre fois. En été 1869, dans deux proclamations russes, l’une signée de mon nom, traduite et publiée dans la Liberté[1], l’autre anonyme, j’attaquai les idées ou plutôt les phrases ridicules de son journal russe, ce qui naturellement n’augmenta pas son amitié pour moi. Je suis certain qu’il n’a jamais détesté un homme plus qu’il ne m’a détesté.

Cela ne l’empêcha pas, pourtant, lorsque nous nous rencontrâmes au Congrès de Bâle, où, entouré de ses femmes, il était venu jouer le rôle de public,

  1. Il s’agit de l’écrit Quelques paroles à mes jeunes frères en Russie, publié en traduction française à Genève (en une brochure, mai 1869), et ensuite dans la Liberté, de Bruxelles, du 5 septembre 1869.