Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/285

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de se dire publiquement encore une fois mon ami. Il me voyait assez influent, et cela lui imposait sans doute. Il prit part au banquet qui eut lieu après le Congrès, et là il prononça son discours habituel sur les femmes en général et sur les femmes russes en particulier. Et il faut le dire, il doit un fameux cierge aux dames russes. Ce petit Juif semble avoir un attrait particulier pour ces dames, elles se collent à lui comme des mouches à un morceau de sucre, et il se démène et s’égosille glorieusement au milieu d’elles comme un coq dans son poulailler. Elles sont à genoux devant lui, admirent son dévouement passionné, son héroïsme juif et ses phrases. Et il faut lui rendre cette justice, il sait tirer parti de ces dames. |106 Il les a transformées en autant de propagandistes et d’intrigantes pour son compte. Elles chantent partout ses vertus, et, sans vergogne comme lui, elles calomnient tous ceux qui osent lui déplaire. Je suis devenu naturellement leur bête noire. Au Congrès de Bâle, ces dames, dirigées par le grand tacticien, s’étaient partagé les rôles. Les délégués anglais surtout, qui leur parurent probablement les plus sots, et qui avaient aux yeux d’Outine le mérite d’être plus ou moins les amis de Marx, et en même temps des membres du Conseil général, devinrent spécialement les objets des prévenances et des coquetteries de ces dames.

Donc, dans ce discours prononcé en faveur de « nos sœurs », Outine, en parlant de moi, se servit de cette expression : « M. Bakounine, mon compa-