Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/312

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simple répétition de cet axiome arithmétique que 2 et 2 font quatre, pour mettre en fureur tous les théologiens sincères ?

Je ne doute pas de la sincérité de l’Unità Italiana, et je lui pardonne de bon cœur ses injures et sa colère ; ses transports contre ce qu’elle appelle mon « tsarisme philosophique », en le comparant aux hésitations modestes et aux réticences plus prudentes que sincères de l’illustre Littré, représentant actuel de la philosophie positive d’Auguste Comte.

Je ne ferai pas à l’Unità Italiana l’injure de supposer qu’elle prend au sérieux ces réticences du savant disciple de Comte. Pour peu que les rédacteurs de ce journal honnête, mais atteint de cécité, aient lu avec quelque attention les écrits de Littré, ils ont dû se convaincre que l’illustre académicien est un matérialiste, un athée profondément et scientifiquement convaincu. Pourquoi donc ces déclarations à double sens et ces échappatoires selon moi indignes d’une intelligence consacrée au culte de la vérité, et qui évidemment n’ont d’autre but que de laisser dans l’incertitude les personnes de peu de pénétration qui les lisent ? C’est que M. Littré peut être considéré comme le chef d’une école éminemment aristocratique. Les positivistes français, fidèles en cela aux préceptes d’Auguste Comte, leur maître, tendent évidemment à former une autre aristocratie, qui, selon moi, serait la plus détestable, la plus insolente, la plus nuisible de toutes : l’aristocratie de l’intelligence et de la science, la caste scientifique,