Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/313

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qui, s’organisant en un pouvoir spirituel, prétendrait gouverner, de concert avec les banquiers, représentants et directeurs du pouvoir temporel, les masses théologisées. On conçoit qu’avec de pareilles prétentions, les positivistes doivent nécessairement penser que toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire au peuple.

Pour moi, socialiste révolutionnaire, ennemi juré de toutes les aristocraties, de toutes les tutelles, de tous les tuteurs, je pense au contraire qu’il faut tout dire au peuple, parce que c’est le seul moyen de provoquer son émancipation prompte et complète.

Encore un mot pour terminer cette conversation, probablement la dernière, avec l’Unità Italiana. Qu’elle se fâche contre mon tsarisme philosophique et contre ma nationalité tartare et cosaque, je trouve cela, de son point de vue théologiquement humanitaire, parfaitement naturel et licite. Mais pourquoi m’attribuer des paroles qui jamais ne sont sorties ni de ma bouche, ni de ma plume ? Où a-t-elle vu que j’aie accusé Mazzini d’avoir calomnié et maudit le peuple français ?

J’aurais bien pu constater dans tous les écrits de Mazzini une répugnance très marquée contre la nation française en général, à laquelle il semble ne pas pouvoir pardonner d’avoir usurpé pour quelque temps une initiative qui, selon sa profonde conviction, appuyée sur une prophétie de Dante, doit appartenir exclusivement à l’Italie, non populaire, mais mazzinienne, c’est-à-dire à l’État-Église de