Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/372

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ait fait des concessions librement, spontanément, et sans y être contrainte par la force ou par la peur ? La conscience de la justice de sa propre cause est sans doute nécessaire au prolétariat pour s’organiser en puissance capable de vaincre. Eh bien, cette conscience aujourd’hui ne lui manque pas ; et là où elle lui fait encore défaut, notre devoir est de la susciter dans son sein : cette justice est devenue incontestable aux yeux mêmes de nos adversaires. Mais la seule conscience de la justice ne suffit pas : il est nécessaire que le prolétariat y joigne l’organisation de sa force, puisque — n’en déplaise à Mazzini — le temps est passé où les murailles de Jéricho s’écroulaient au seul son de la trompette ; aujourd’hui, pour vaincre et repousser la force, il n’y a que la force. Mazzini d’ailleurs le sait très bien, puisque, quand il s’agit de substituer son État à l’État monarchique, lui-même fait appel à la force.

Voici ses propres paroles dans Doveri dell’ Uomo : « Il s’agit de renverser, par la force, la force brutale (c’est-à-dire l’État monarchique) qui s’oppose aujourd’hui à toute tentative d’amélioration ».

Donc lui aussi invoque la force contre ce qu’il veut sérieusement abattre. Mais comme il n’a pas le moins du monde l’intention d’abattre la domination de la bourgeoisie, ni d’abolir ses privilèges économiques, privilèges qui sont l’unique base de l’existence de cette classe, il cherche à persuader aux ouvriers qu’il n’est pas nécessaire et qu’il n’est pas permis d’employer contre elle d’autres armes que