Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/373

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

la trompette de Jéricho, c’est-à-dire les moyens moraux, anodins, innocents de la propagande mazzinienne. Peut-on supposer qu’il s’illusionne lui-même à un tel point ? Il y a déjà quarante ans qu’il prêche sa « loi de la vie », la nouvelle révélation. A-t-il persuadé et moralisé la bourgeoisie italienne ? Tout au contraire, nous avons vu et nous voyons une foule de ses disciples et de ses apôtres d’autrefois, qui se sont laissé convertir et gagner aux croyances bourgeoises. La portion officielle et officieuse de l’Italie en est pleine. Qui, parmi la canaille gouvernementale et consortesca qui malmène aujourd’hui la malheureuse Italie, n’a pas été dans sa jeunesse plus ou moins mazzinien ? Combien reste-t-il aujourd’hui de mazziniens purs, comme Saffi, Petroni, Brusco, qui suivent et croient comprendre les dogmes de la théologie mazzinienne ? Deux, trois, au maximum cinq douzaines. Et n’est-ce pas là une preuve de stérilité et d’impuissance lamentables contre la doctrine et la propagande de Mazzini ? Et après avoir eu — et l’avoir déploré certainement avec amertume — cette preuve de l’inconsistance de ses doctrines, Mazzini ose venir dire aux ouvriers, à des millions d’esclaves opprimés : « Ne comptez pas sur votre droit humain, ni sur votre force, qui est grande assurément, mais qui me déplaît beaucoup parce qu’elle implique la négation de mon Dieu et qu’elle épouvante trop mes bons bourgeois, vos frères aînés, comme dit Gambetta. Confiez-vous uniquement dans les effets miraculeux de ma