Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/385

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Mazzini prétend que les vingt-cinq millions qui forment la nation italienne sont des « frères » qui ont la même foi et des aspirations communes.

Est-il nécessaire que je prouve que c’est là un mensonge effronté ou stupide ? En Italie, il y a au moins cinq nations :

1° Tout le clergé, du pape jusqu’à la dernière béguine ;

2° La Consorteria, ou la haute bourgeoisie, y compris la noblesse ;

3° La moyenne et la petite bourgeoisie ;

4° Les ouvriers des fabriques et des villes ;

5° Les paysans.

Or, je vous demande comment on peut prétendre que ces cinq nations — et au besoin j’en énumérerais encore davantage, par exemple : a) la cour ; b) la caste militaire ; c) la caste bureaucratique — aient la même foi et une communauté d’aspirations ?

Considérons-les l’une après l’autre.

1° Le clergé ne constitue pas, à proprement parler, une classe héréditaire, mais il n’en est pas moins une classe permanente. Formée au sommet par les princes de l’Église, qui se recrutent pour la plus grande partie dans la haute aristocratie nobiliaire, assise dans sa base sur le peuple des campagnes qui lui fournit la masse des prêtres subalternes, renouvelée artificiellement par les séminaires, et obéissant aujourd’hui comme une armée bien disciplinée à la Compagnie de Jésus, c’est une caste qui a son histoire et ses traditions tout italiennes et aussi une