Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/388

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

raient lui devenir dangereuses, tandis qu’admises dans son sein elles lui apportent de nouvelles forces contre le pays qu’il s’agit d’exploiter, celui-ci étant assez riche pour nourrir quelques centaines de fripons privilégiés de plus.

Je n’ai pas besoin de vous dire que cette classe n’est nullement patriote ; elle l’est moins que la caste cléricale, et elle est plus cosmopolite que celle-ci. Créée par la civilisation moderne, elle ne reconnaît pas d’autre patrie que la spéculation mondiale, et chacun de ses membres exploiterait et pillerait volontiers tout autre pays que sa chère Italie. Cette classe n’a d’autre aspiration que d’enfler ses poches au détriment de la prospérité nationale.

3° Passons à la troisième caste, à celle de la moyenne et petite bourgeoisie. C’est elle qui par la culture, la liberté et le progrès a formé toute l’histoire passée de l’Italie : arts, sciences, littérature, langues, industrie, commerce, institutions municipales, elle a tout créé. C’est elle enfin qui, dans un effort suprême, le dernier, a conquis l’unité politique de l’Italie. Elle fut donc la classe patriotique par excellence, et c’est dans son sein que Mazzini et Garibaldi, et bien avant eux les Pepe, les Balbo, les Santa Rosa, ont recruté les soldats, les martyrs, les héros de la révolution italienne. Vous voyez donc, chers amis, que je rends pleine justice à cette classe, et que je m’incline respectueusement et sincèrement devant son passé. Mais ce même esprit de justice me fait reconnaître qu’elle est aujourd’hui