Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/389

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complètement épuisée, stérile et desséchée, comme un citron dont une si longue et si mémorable histoire a exprimé tout le suc ; qu’aujourd’hui elle est morte et que nul miracle, pas même l’héroïsme dictatorial du général Garibaldi, ni les prestidigitations théologiques de Mazzini, ne pourra la ressusciter. Elle est morte, et devient chaque jour plus impuissante, plus vile, plus immorale, plus bestiale. C’est un corps immense qui se désagrège par la putréfaction. Vous pouvez en juger par l’immense majorité de sa jeunesse, et par le Parlement italien, qui sort presque exclusivement de son sein.

La bourgeoisie moyenne — dans laquelle je placerai aussi la classe des propriétaires ruraux, nobles ou non nobles, qui, sans être très riches, vivent dans l’aisance — subit aujourd’hui économiquement, et par conséquent politiquement aussi, le joug de la Consorteria, qui la domine également par la vanité, passion peut-être la plus puissante de toutes dans cette portion de la bourgeoisie italienne, en tout cas aussi puissante que la soif du gain. Cette classe est doublement inféodée à l’ordre de choses existant, qui, tout en la tenant enchaînée, la ruine insensiblement. Pour toutes ses entreprises industrielles et commerciales, elle a besoin du crédit, et le crédit est entre les mains de la Banque, c’est-à-dire de la fraction la plus huppée de la Consorteria. Aucune affaire, si peu considérable qu’elle soit, ne peut aujourd’hui être conclue sans le consentement de la Consorteria, — exemple, l’affaire toute récente