Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/396

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actuelles. On nous dit : Tel pays — le canton du Tessin, par exemple — appartient évidemment à la famille italienne : langue, mœurs, il a tout en commun avec les populations lombardes, donc il doit faire partie de la grande unité italienne. Et nous répondons que c’est là une conclusion complètement fausse. Si réellement il existe entre le Tessin et la Lombardie une identité sérieuse, il n’est pas douteux que le Tessin s’unira spontanément à la Lombardie, S’il ne le fait pas, s’il n’en ressent pas le moindre désir, cela prouve seulement que l’histoire réelle, qui s’est continuée de génération en génération dans la vie réelle du peuple tessinois, et qui l’a fait ce qu’il est, est différente de l’histoire écrite dans les livres.

D’autre part, il faut remarquer que l’histoire réelle des individus, comme des peuples, ne procède pas seulement par le développement positif, mais très souvent par la négation du passé et par la révolte contre lui ; et c’est là le droit de la vie, le droit inaliénable des générations présentes, la garantie de leur liberté. Des provinces qui ont été unies pendant longtemps ont toujours le droit de se séparer les unes des autres ; et elles peuvent y être poussées par diverses raisons, religieuses, politiques, économiques. L’État prétend au contraire les tenir réunies de force, et en cela il a grand tort. L’État, c’est le mariage forcé, et nous levons contre lui la bannière de l’union libre.

De même que nous sommes convaincus qu’en