Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/401

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l’organisation libre et spontanée de la vie populaire.

J’ai dit plus haut que ce fut d’abord grâce à la libre-pensée que la partie la plus intelligente de la jeunesse républicaine commença à se séparer de Mazzini. Mais la libre-pensée, en l’arrachant à ses préoccupations et à ses préjugés, raviva en son sein deux nouveaux instincts : celui de la liberté réelle, pratique, et celui de la réalité vivante. Ces deux instincts lui avaient déjà fait faire un pas en avant : bien avant 1870 et 1871, dès 1866 et 1867 elle avait commencé à devenir et à se sentir fédéraliste, sans toutefois le dire tout haut de peur de déplaire à Garibaldi et surtout à Mazzini. D’autre part, son fédéralisme n’avait pas encore trouvé sa base, le socialisme, et, sans cette base, il ne pouvait être formulé d’une manière claire sans qu’on tombât en d’insolubles contradictions.

Le soulèvement de la Commune de Paris, son programme en même temps socialiste et fédéraliste, sa lutte et sa fin héroïque, ont produit une salutaire révolution dans la conscience et dans les sentiments de cette élite de la jeunesse italienne. Devenue socialiste, elle a trouvé la base qui manquait à son fédéralisme.

Oui, elle est devenue socialiste, et le devient toujours plus, et grâce lui en soit rendue. Elle est devenue socialiste : ce qui signifie qu’elle a ouvert son cœur généreux — mais jusqu’alors dévoyé par les aberrations théologiques, métaphysiques et poli-