Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/411

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les individus déjà avancés ; mais elle ne fera pas brèche dans le peuple, parce que la religion n’est pas seulement une aberration, une déviation de la pensée, mais encore et spécialement une protestation du naturel vivant, puissant, des masses contre les étroitesses et les misères de la vie réelle. Le peuple va à l’église comme il va au cabaret, pour s’étourdir, pour oublier sa misère, pour se voir en imagination, pour quelques instants au moins, libre et heureux à l’égal de tous les autres. Donnez-lui une existence humaine, et il n’ira plus ni au cabaret, ni à l’église. Eh bien, cette existence humaine, la révolution sociale devra et pourra seule la lui donner.

Le paysan, dans la plus grande partie de l’Italie, est misérable, plus misérable encore que l’ouvrier des villes. Il n’est pas propriétaire comme en France, et c’est un grand bonheur certainement au point de vue de la révolution ; et il ne jouit d’une existence supportable, comme métayer, que dans peu de régions. Donc la masse des paysans italiens constitue déjà une armée immense et toute-puissante pour votre révolution sociale. Dirigée par le prolétariat des villes, et organisée par la jeunesse socialiste révolutionnaire, cette armée sera invincible.

Par conséquent, chers amis, ce à quoi vous devez vous appliquer, en même temps qu’à l’organisation des ouvriers des villes, c’est aux moyens à employer pour rompre la glace qui sépare le prolétariat des villes du peuple des campagnes, pour unir et orga-