Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/412

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niser ces deux peuples en un seul. C’est de là que dépend le salut de l’Italie. Toutes les autres classes doivent disparaître de son sol, non comme individus, mais comme classes. Le socialisme n’est pas cruel, il est mille fois plus humain que le jacobinisme, je veux dire que la révolution politique. Il n’en veut nullement aux personnes, même les plus scélérates, sachant très bien que tous les individus, bons ou mauvais, ne sont que le produit fatal de la position sociale que l’histoire et la société leur ont créée. Les socialistes, il est vrai, ne pourront certainement pas empêcher que dans le premier élan de sa fureur le peuple ne fasse disparaître quelques centaines d’individus parmi les plus odieux, les plus acharnés et les plus dangereux ; mais une fois cet ouragan passé, ils s’opposeront de toute leur énergie à la boucherie hypocrite, politique et juridique, organisée de sang-froid.

Le socialisme fera une guerre inexorable aux « positions sociales », non aux hommes ; et une fois ces positions détruites et brisées, les hommes qui les avaient occupées, désarmés et privés de tous les moyens d’action, seront devenus inoffensifs et beaucoup moins puissants, je vous l’assure, que le plus ignorant ouvrier ; car leur puissance actuelle ne réside pas en eux-mêmes, dans leur valeur intrinsèque, mais dans leur richesse et dans l’appui de l’État.

La révolution sociale, donc, non seulement les épargnera, mais, après les avoir abattus et privés de