Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/419

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vriers, obligée de vendre son travail pour se garantir de la faim, s’accroît dans une proportion toujours plus grande que les capitaux qui servent à la salarier. Les ouvriers se font donc mutuellement concurrence dans l’offre du travail, qui dépasse presque toujours la demande, ce qui les force à vendre leur travail au plus bas prix possible. Mais ils ne peuvent pas exiger moins de ce qui est absolument nécessaire pour leur subsistance. D’où il résulte que lorsque le prix des denrées monte, ils doivent demander davantage ; si au contraire il s’abaisse, ils peuvent consentir à demander moins, et ils sont toujours forcés d’y consentir par la concurrence qu’ils se font entre eux. On comprend donc que lorsque les sociétés de consommation se sont assez développées pour faire diminuer d’une manière constante, générale et sensible le prix des denrées de première nécessité, les salaires doivent s’abaisser. Ce fait a été établi par l’expérience, et démontré en théorie par les économistes les plus distingués de l’Angleterre, de l’Allemagne, de la Belgique et de la France, Lassalle, l’illustre socialiste révolutionnaire allemand, le fondateur de l’Allgemeiner deutscher Arbeiterverein, association communiste, a fondé principalement sur ce fait sa polémique victorieuse et écrasante contre Schultze-Delitzsch, le socialiste bourgeois, premier et principal fondateur des sociétés coopératives en Allemagne. Voilà donc à quoi se réduit tout le socialisme de Mazzini : à une grande illusion pour les ouvriers et à une grande tranquil-