Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/42

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ment genevoise doive exercer une grande prépondérance. Eh bien, cette prépondérance, d’ailleurs toujours croissante, a été contenue pendant quelque temps par un seul homme, par le compagnon Brosset, serrurier.

|77 Nous n’avons pas besoin de dire quel homme est Brosset[1]. Alliant une réelle bienveillance et une grande simplicité de manières à un caractère énergique, ardent et fier ; intelligent, plein de talent et d’esprit, et devinant par l’esprit les choses qu’il n’a pas eu le loisir ni les moyens de reconnaître et de s’approprier par la voie de la science ; passionnément dévoué à la cause du prolétariat, et jaloux à l’excès des droits populaires ; comme tel, ennemi acharné de toutes les prétentions et tendances autoritaires, c’est un vrai tribun du peuple. Excessivement estimé et aimé par tous les ouvriers en bâtiment, il en devint en quelque sorte le chef naturel, et, à ce titre, lui seul ou presque seul, tant dans le Comité central et dans les assemblées gouvernemen-

  1. Bakounine parle ainsi parce qu’en 1871 chacun connaissait, dans les sections de l’Internationale de la Suisse romande, cet ouvrier serrurier, de nationalité savoyarde, qui, pendant un temps, sembla incarnera Genève les aspirations et le tempérament révolutionnaire des ouvriers du bâtiment. Lors de la grande grève d’avril 1868, François Brosset fut le principal « meneur ». En janvier 1869, à la fondation de la Fédération romande, il fut élu président du Comité fédéral romand, et garda ses fonctions pendant sept mois. Plus tard, dégoûté par les attaques dont il était l’objet de la part des chefs de la Fabrique, et frappé au cœur par la mort de sa vaillante femme, il se retira de la lutte. — On trouvera, p. 250, un autre portrait de Brosset.