Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/431

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Italie quelques centaines de jeunes gens intelligents, énergiques, dévoués, capables de se convertir à vos idées, et d’aimer et de vouloir avec une sérieuse passion ce que vous aimez et voulez. Et ne voyez-vous pas qu’ils commencent déjà à se montrer sur presque tous les points de votre pays ? Et c’est pour les éveiller en plus grand nombre, pour les créer en quelque sorte en éclairant leur pensée, pour les chercher et pour les trouver, que vous écrivez vos journaux, n’est-il pas vrai ? Eh bien, je vous le jure, et vous le savez bien vous-mêmes, vous finirez par en trouver des centaines en Italie, naturellement avec des degrés divers d’intelligence, de dévouement, de conviction, d’énergie et de capacité d’action. Quelques centaines de jeunes gens de bonne volonté ne suffisent certainement pas pour constituer une puissance révolutionnaire en dehors du peuple : c’est là encore une illusion qu’il faut laisser à Mazzini ; et Mazzini semble lui-même s’en apercevoir aujourd’hui, puisqu’il s’adresse directement aux masses ouvrières. Mais ces quelques centaines suffiront pour organiser la puissance révolutionnaire du peuple.

Le temps des grandes individualités politiques est passé. Tant qu’il s’était agi de faire des révolutions politiques, elles étaient à leur place. La politique a pour objet la fondation et la conservation des États ; mais qui dit « État », dit domination d’un côté et assujettissement de l’autre. Les grandes individualités dominantes sont donc absolument nécessaires