Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/45

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Vous savez bien que ce même débat s’est reproduit au dernier Congrès général de l’Association, tenu à Bâle en septembre 1869, et que, quoiqu’en disent nos politiques adversaires, le parti du radicalisme bourgeois, ou plutôt celui de la conciliation équivoque du socialisme ouvrier avec la politique des bourgeois radicaux, fut tacitement réprouvé par la majorité de ce Congrès. Ce fut en vain que la majorité des délégués de la Suisse allemande, joints aux deux délégués de la Fabrique de Genève[1] et unis à la presque totalité des délégués allemands, voulut que ce Congrès mît en discussion la fameuse question du referendum ou de la législation directe par le peuple. Reléguée comme dernière question, elle fut éliminée faute de temps, et parce qu’il était évident que la majorité du Congrès était contre.

Pour vous comme pour nous, il est clair que la portion révolutionnaire socialiste du prolétariat ne saurait s’allier à aucune fraction, même la plus avancée, de la politique bourgeoise sans devenir aussitôt, contre soi-même, l’instrument de cette |80 politique ; et que le programme du Parti de la démocratie socialiste en Allemagne, voté par le Congrès de ce parti au mois d’août 1869, — programme que, fort heureusement, la force même des choses lui impose la nécessité de modifier radicale-

  1. C’est Henri Perret et Grosselin que Bakounine désigne ainsi. En réalité, Henri Perret seul était délégué par les sections de la Fabrique ; Grosselin avait été élu délégué, ainsi que Brosset et Heng, par le vote de l’ensemble des sections de Genève. (Voir p. 234.)