Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/46

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ment aujourd’hui, et qui, ayant déclaré que la conquête des droits politiques était la condition préalable de l’émancipation du prolétariat, se mettait par là même en contradiction flagrante avec le principe fondamental de l’Association Internationale, en faisant de la politique bourgeoise la base du socialisme (car toute politique préalable, c’est-à-dire qui devance le socialisme et qui se fait par conséquent en dehors de lui, ce qui veut dire contre lui, ne peut être qu’exclusivement bourgeoise), — que ce programme, disons-nous, ne pouvait aboutir qu’à mettre le mouvement socialiste du prolétariat à la remorque du radicalisme bourgeois.

Pour vous comme pour nous il est évident que le radicalisme politique ou bourgeois, quelque rouge et quelque révolutionnaire qu’il se dise ou qu’il soit en effet, ne peut et ne pourra jamais vouloir la pleine émancipation économique du prolétariat, car il est contre la nature des choses qu’un être réel quelconque, individu ou corps collectif, puisse vouloir la destruction des bases mêmes de son existence ; que, par conséquent, le radicalisme bourgeois, nolens volens[1], sciemment ou inconsciemment, trompera toujours les ouvriers qui auront la sottise de se fier en la sincérité de ses aspirations ou intentions socialistes. |81 Les radicaux ne demanderont pas mieux que de se servir encore une fois du bras ou du vote puissant du prolétariat pour

  1. C’est-à-dire « qu’il le veuille ou non ».