Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/50

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non la fiction ; et c’est à cause de cela même que nous repoussons absolument toute alliance bourgeoise, étant convaincus que toute liberté conquise à l’aide de la politique bourgeoise, par les moyens et les armes de la bourgeoisie, ou par une alliance de dupes avec elle, pourra être très réelle et très profitable pour Messieurs les bourgeois, mais pour le peuple ne sera jamais rien qu’une fiction.

Messieurs les bourgeois, de tous les partis et même des partis les plus avancés, tout cosmopolites qu’ils sont, lorsqu’il s’agit de gagner de l’argent par l’exploitation de plus en plus large du travail populaire, en politique sont également tous de fervents et fanatiques patriotes de l’État, le patriotisme n’étant en réalité, comme vient de le dire fort bien l’illustre assassin du prolétariat de Paris et le sauveur actuel de la France, M. Thiers, rien que la passion et le culte de l’État national. Mais qui dit État dit domination, et qui dit domination dit exploitation, ce qui prouve que ce mot d’État populaire (Volksstaat), devenu et restant malheureusement encore aujourd’hui le mot d’ordre du Parti de la démocratie socialiste de l’Allemagne, est une contradiction ridicule, une fiction, un mensonge, sans doute inconscient de la part de ceux qui le |85 préconisent, et pour le prolétariat un piège très dangereux. L’État, quelque populaire qu’on le fasse dans ses formes, sera toujours une institution de domination et d’exploitation, et par conséquent pour les masses populaires une source permanente