Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/49

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la démocratie socialiste, qui ne peut être dissipé ni détruit, parce qu’il est le parti non de la bourgeoisie, mais du prolétariat allemand, doit aujourd’hui refaire et élargir son programme, pour se donner une idée, une âme ou un but équivalents à la puissance de son corps.

Parce que nous avons repoussé avec énergie toute connivence et alliance avec la politique bourgeoise même la plus radicale, on a prétendu sottement ou calomnieusement que, ne considérant seulement que le côté économique ou matériel de la question sociale, nous étions indifférents pour la grande question de la liberté, et que par là même nous nous mettions dans les rangs de la réaction. Un délégué allemand avait même osé déclarer, au Congrès de Bâle, que quiconque ne reconnaissait point, avec le programme de la démocratie socialiste germanique, « que la conquête des droits politiques était la condition préalable de l’émancipation sociale », — ou, autrement exprimé : que pour délivrer le prolétariat de la tyrannie capitaliste ou bourgeoise, il fallait d’abord s’allier à cette tyrannie pour faire soit une réforme soit une révolution politique, — était sciemment ou inconsciemment un allié des Césars.

Ces messieurs se trompent beaucoup — et, |84 « sciemment ou inconsciemment », ils s’efforcent de tromper le public — sur notre compte. Nous aimons la liberté beaucoup plus qu’ils ne l’aiment ; nous l’aimons au point de la vouloir complète et entière ; nous en voulons la réalité et