Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/52

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son grand ou petit État national, la solidarité humaine des peuples à l’extérieur, aussi bien que l’émancipation économique et sociale des masses à l’intérieur.

Quant à la négation de la solidarité humaine au nom de l’égoïsme et de la vanité patriotiques, ou, pour parler plus poliment, au nom de la grandeur et de la gloire nationale, nous en avons vu un triste exemple précisément dans le Parti — ou plutôt dans le programme et dans la politique des chefs du Parti — de la démocratie socialiste en Allemagne. Avant la dernière guerre, ce Parti semblait avoir complètement adopté le programme pangermanique du parti bourgeois radical et soi-disant populaire, ou de la Volkspartei. Comme les meneurs de ce parti d’ombres non chinoises, mais allemandes, les chefs du Parti de la démocratie socialiste s’en étaient allés, eux aussi, à Vienne pour nationaliser et pangermaniser davantage le prolétariat |87 selon eux par trop cosmopolite de l’Autriche, par trop humainement large dans ses aspirations socialistes, et pour lui inspirer des idées et des tendances plus étroitement politiques et patriotiques, enfin pour le discipliner et pour le transformer en un grand parti national, exclusivement germanique. La logique de cette fausse position et de cette trahison évidente, politique et patriotique, envers le principe du socialisme international, les avait même poussés à tenter un rapprochement avec ce qu’on appelle en Autriche le parti allemand, parti semi-libéral et semi-radical,