Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/53

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mais éminemment officiel et bourgeois ; parti qui veut précisément l’asservissement de tous les peuples non allemands de l’Autriche, et des Slaves surtout, sous la domination exclusive de la minorité germanique, au moyen de l’État. Et tandis qu’ils reprochaient, avec beaucoup de raison, paraît-il, à M. de Schweitzer de faire une cour illicite au pangermanisme knouto-prussien de M. de Bismarck, eux-mêmes faisaient une cour indirecte au pangermanisme des ministres quasi-libéraux de l’Autriche. Aussi, grand fut leur étonnement et très comique leur colère, lorsqu’ils virent ces libéraux, ces radicaux et ces patriotes officiels de l’Autriche sévir contre les associations ouvrières. Et pourtant la logique était du côté des ministres, non du leur. Les ministres, en tant que serviteurs intelligents et fidèles |88 de l’État, avaient mille fois raison de sévir contre les ouvriers socialistes, et s’il y a eu quelque chose d’extraordinaire dans tout cela, c’était la naïveté des chefs du Parti de la démocratie socialiste, qui ignoraient les conditions d’existence d’un État, de tout État, au point de pouvoir s’indigner contre ces persécutions nécessaires et de s’en étonner.

Ce que nous racontons là est d’ailleurs de l’histoire passée, bien passée. Les événements immenses et terribles qui se sont déroulés depuis, tant en Allemagne qu’au dehors, et qui ont changé la face de l’Europe, ont guéri, il faut l’espérer, à tout jamais les démocrates socialistes de l’Allemagne et de leur