Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/63

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tude, mais incidemment et plus ou moins masquées, tant dans les assemblées générales que dans les séances mensuelles de la Section centrale[1]. Dans les unes comme dans l’autre, le défenseur ardent des vrais principes de l’Internationale, de l’indépendance et de la dignité des ouvriers en bâtiment et des droits souverains de la « canaille populaire »évidemment menacés par l’ambition croissante et par les empiétements de pouvoir de messieurs les sénateurs des comités, le compagnon Brosset, fut puissamment soutenu par les compagnons Serno-Soloviévitch, Perron, Ph. Becker, Guétat, Monchal, Lindegger, et quelques autres encore, parmi lesquels il ne faut pas oublier M. Henri Perret, le perpétuel secrétaire général de l’Internationale de Genève, qui, avec le tact propre aux hommes d’État, dans toutes les discussions publiques, quelles que soient d’ailleurs ses opinions privées, s’arrange toujours de manière à sembler partager l’avis de la majorité[2].

  1. « Outre les sections de métier, il existait à Genève une section dite Section centrale, qui avait été la section mère de l’Internationale, et dans laquelle les ouvriers du bâtiment avaient été d’abord en grande majorité. Plus tard, quand se formèrent de nouvelles sections de métier, les ouvriers du bâtiment se retirèrent de la Section centrale, qui devint alors un petit cénacle dans lequel régnaient en maîtresses la réaction et l’intrigue de la Fabrique. » (Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 67.)
  2. « L’attitude équivoque et indécise des ouvriers de la Fabrique, demi-bourgeois électrisés un moment par la lutte (la grande grève d’avril 1868), mais qui tendaient à se rapprocher de la bourgeoisie, était représentée à merveille par le secrétaire du Comité central genevois (devenu en 1869 secrétaire du Comité fédéral romand), Henri Perret, ouvrier graveur, qui subit d’abord l’influence de Brosset, de Perron, de Bakounine, et se montra un révolutionnaire à tous crins aussi longtemps que le courant populaire lui sembla aller de ce côté ; et qui plus tard, lorsque décidément les meneurs de la Fabrique eurent pris le dessus et donnèrent le ton à Genève, changea subitement de langage, renia ses anciens amis et les principes qu’il avait affichés si haut, et se fit l’instrument complaisant de la réaction et de l’intrigue marxiste. » (Mémoire de la Fédération jurassienne, p. 47.) Henri Perret devint plus tard secrétaire de l’Association politique ouvrière genevoise, et enfin, en 1877, en récompense des services rendus, il fut nommé secrétaire de commissaire de police avec 2,400 francs de traitement.