Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/75

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estime pour eux est sincère et profonde, mais elle ne va pas jusqu’à l’idolâtrie et ne nous entraînera jamais à prendre vis-à-vis d’eux le rôle d’esclaves. Et, tout en continuant à rendre pleine justice aux immenses services qu’ils ont rendus et qu’ils rendent même encore aujourd’hui à l’Association Internationale, nous combattrons à outrance leurs fausses théories autoritaires, leurs velléités dictatoriales, et cette manie d’intrigues souterraines, de rancunes vaniteuses, de misérables animosités personnelles, de sales injures et d’infâmes calomnies, qui caractérise d’ailleurs les luttes politiques de presque tous les Allemands, et qu’ils ont malheureusement apportées avec eux dans l’Association Internationale[1].

Il ne suffit pas que la masse des ouvriers soit arrivée à comprendre que, s’il existe un moyen de délivrance pour elle, ce moyen ne peut être que la solidarité internationale du prolétariat ; il faut encore qu’elle ait foi dans l’efficacité réelle, immanquable de ce moyen de salut, qu’elle ait foi dans la possibilité de sa prochaine délivrance. Cette foi est une affaire de tempérament, et de disposition de cœur et d’esprit collective. Le tempérament est donné aux différents peuples par la nature, mais il se développe par leur histoire. La disposition col-

  1. Ici finit le passage cité dans L’Internationale, Documents et Souvenirs. — La correspondance de Marx, d’Engels et de Becker avec Sorge, publiée en 1906, justifie pleinement cette appréciation de Bakounine.