Page:Bakounine - Œuvres t6.djvu/76

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llective du prolétariat est toujours le double produit de tous les événements antérieurs, d’abord, |109 et ensuite et surtout de sa situation économique et sociale présente.

Dans les années 1863 et 1864, époque de la fondation de l’Internationale, il s’est produit dans presque tous les pays de l’Europe, et surtout dans ceux où l’industrie moderne se trouve le plus développée, en Angleterre, en France, en Belgique, en Allemagne et en Suisse, deux faits qui en ont facilité et presque rendu nécessaire la création. Le premier, ce fut le réveil simultané de l’esprit, du courage, du tempérament ouvriers dans tous ces pays, après douze ou même quinze ans d’un affaissement qui avait été le résultat de la terrible débâcle de 1851 et de 1848. Le second fait fut celui du développement merveilleux de la richesse bourgeoise et, comme son accompagnement obligé, de la misère ouvrière dans tous ces pays. Ce fut l’aiguillon, et le tempérament, l’esprit renaissant donna la foi.

Mais, comme il arrive souvent, cette confiance renaissante ne se manifesta pas d’un seul coup dans la masse tout entière du prolétariat. Parmi tous les pays de l’Europe, il n’y en eut d’abord que deux, puis trois et quatre, puis cinq, où elle se fit jour ; dans ces pays privilégiés même, ce ne fut pas sans doute toute la masse, mais un petit nombre seulement de petites associations ouvrières excessivement clairsemées qui sentirent renaître en elles une confiance suffisante pour recommencer la lutte ; et dans